Galerie C
Neuchâtel
Paris
Les merveilles - 40x60.jpg

Je suis très emballé.e 14.05-15.06.2024

Edouard Taufenbach & Bastien Pourtout


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De la terre ferme ou de l’invisible, tout est émergence.


L’automne n’est pas un été transformé.
[1]

Il est des promenades d’hiver qui vous chauffent le cœur et ravivent, au détour d’un bosquet ou d’une allée, le doux souvenir d’une lumière d’été, escamoteur des chairs, des feuilles et des roches.

L’exposition « Je suis très emballé.e » est ce genre de promenades. Ici Eros, Appolon, Junon, Céladon et Astrée, Amours et Faunes, Allégories et Géants se drapent sous l’œil des artistes Edouard Taufenbach et Bastien Pourtout. Ces décors de marbres et de granite qui aux beaux jours exaltent l’espace des jardins, revêtissent désormais leur tunique de pudeur.

Le soir venu

Je reposais dans l’herbe monotone,

Et je pris goût

À ce désir interminable,

Cri trouble ailé

Que retient la lumière quand elle meurt.[2]

 

Derrière ces étoffes protectrices qui dissimulent des formes virtuoses, sur ces socles tels des scènes ; plusieurs affaires se jouent. Le temps y est-il suspendu ? Les corps faits de pierre et de chair vivent-ils sous ces capes ? Dans ce nouveau décor, orchestré par les artistes, vies minérale, végétale et humaine se confondent. Elles s’imbriquent et récréent, alors, scénettes, poèmes, hommages et légendes.

Deux fantômes ! c'est là, quand je rêve dans l'ombre,

Qu'ils viennent tour à tour m'entendre et me parler.

Un jour douteux me montre et me cache leur nombre.

À travers les rameaux et le feuillage sombre[3]

Les photographies de l’exposition sont pensées autour du principe de l’emballement. Certaines images sont le fruit d’interventions directes des artistes dans l’espace -comme un hommage volontaire au travail de Christo et Jeanne Claude -, d’autres, le fruit de leur déambulation. Toutes mises bout à bout agissent alors, dans l’espace d’exposition, comme une phrase racontant le récit d’un monde en dormance.

Un cosmos bien personnel prend soudainement forme sous nos yeux – les deux artistes ont d’ailleurs intitulé cette série photographique Cosmogonie- : il s’y percute des images de détails, de performances, de paysages et de souvenirs, toutes nourries du même mystère, toutes faites des mêmes chimères.

Ainsi, les artistes jouent de décadrages, de contres jours, d’ombres et de drapés, tour à tour sculptés par le souffle du vent ou la main du duo. Raccrochant les astuces du théâtre et de la mise en scène, ils offrent au travers de cette série un poème photographique. Edouard Taufenbach et Bastien Pourtout nous parlent d’un hiver dans un jardin imaginaire. Un hiver lors duquel, pour les statues, les corps et les fantasmes, le retrait a parfois valeur de survie.

Trois bruits et brigadier

Le chant du jour s’annonce

Y fleurir, jouer et verdoyer

Qu’accroche le verbe ou bien la ronce

 

Tambour battant rythme de ma peur

Le salut, l’opprobre ou la roture

Rameau poussant Racine en son cœur

Volontiers, je me plie pour revoyure


[1] Etel Adnan, « Saisons », 2008

[2] Giuseppe Ungaretti, "La vie d'un homme" (Vita di un uomo), « Cri », 1928

[3] Victor Hugo, « Les Orientales », « Fantomes », 1829

Télécharger le dossier d’exposition : à venir

Site des artistes: https://taufenbachpourtout.com/

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From the firm ground or from the invisible, everything is emergence.

Autumn is not a summer transformed. (1)

There are winter walks that warm your heart and revive, at the bend in a grove or an alley, the sweet memory of summer light, a distractor of flesh, leaves and rocks.

The ‘Je suis très emballé.e’ exhibition is just this kind of walk. Here, Eros, Appolon, Juno, Celadon and Astrea, Amours and Faunes, Allegories and Giants are draped in the eye of artists Edouard Taufenbach and Bastien Pourtout. These marble and granite decorations, which in fine weather exalt the space of the gardens, now don their tunic of modesty.

When evening came

I rested in the monotonous grass,

And I got a taste

To this interminable desire,

Winged cry of trouble

That light retains when it dies. (2)

Behind these protective fabrics that conceal virtuoso forms, on these pedestals like stages, several affairs are being played out. Is time suspended? Are the bodies made of stone and flesh alive under these capes?  

In this new setting, orchestrated by the artists, mineral, plant and human life merge. They interweave and recreate scenes, poems, tributes and legends.

Two ghosts! That's when I dream in the shadows,

They come to hear and speak to me.

A doubtful day shows me and hides their number.

Through the boughs and the dark foliage (3)

The photographs in the exhibition have been conceived around the principle of ‘wrapping’. Some of the images are the result of direct interventions by the artists in the space - like a deliberate tribute to the work of Christo and Jeanne Claude - while others are the result of their wandering. Taken together, they act like a sentence telling the story of a dormant world in the exhibition space. 

A very personal cosmos suddenly takes shape before our very eyes - the two artists have in fact entitled this photographic series Cosmogony - with images of details, performances, landscapes and memories, all nourished by the same mystery, all made up of the same chimeras. 

In this way, the artists play with fades, backgrounds, shadows and draperies, sculpted in turn by the wind or the hand of the duo. Combining the tricks of theatre and stagecraft, the series is a photographic poem. Edouard Taufenbach and Bastien Pourtout tell us about a winter in an imaginary garden. A winter in which, for statues, bodies and fantasies, withdrawal is sometimes tantamount to survival. 

Three noises and a brigadier

The song of day announces itself

Blossoming, playing and greening

Whether the word or the bramble hangs in the air

Drum beating to the rhythm of my fear

Salvation, opprobrium or roture

Rameau pushing Racine into his heart

I willingly bend to revoyure

[1] Etel Adnan, « Saisons », 2008

[1] Giuseppe Ungaretti, "La vie d'un homme" (Vita di un uomo), « Cri », 1928

[1] Victor Hugo, « Les Orientales », « Fantomes », 1829

Download the press release: soon

Artists’s website : https://taufenbachpourtout.com/

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