Galerie C
Neuchâtel
Paris
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En attendant les bêtes sauvages 09.12.21-20.01.22

Benoit Huot

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On a peur de les déranger, de rompre leur silence, troubler une concertation, un rituel. Deux gnous, un sanglier, un cerf des Landes et un hippotrague trônent, dans la galerie C, comme des idoles païennes. Étranges et kitsch, ces trophées sont ceux d’animaux de l’au-delà, de bêtes ayant franchi le Styx pour rejoindre, non les Enfers mais cet endroit de l’entre-deux où, sagement, elles existent éternellement. Enfant déjà, Benoit Huot chérissait les animaux : il y en avait partout dans sa maison familiale et dès que l’un d’eux mourrait, l’artiste leur donnait une sépulture qu’il recouvrait d’ornements, de sculptures religieuses et de fleurs. 

Cette approche ritualisée est toujours là dans sa pratique artistique. S’il a commencé comme peintre et graveur, Benoit Huot s’est forgé sculpteur du trépas : l’animal –des trophées de chasse et des animaux taxidermisés qu’il trouve en brocante ou qui lui sont donnés –se retrouve au cœur de gestes cérémoniaux, patiemment réitérés par l’artiste lui-même, qui le recouvre de décorations, de tresses de laines et symboles. Réalisé en technique mixte, l’ensemble des pièces présentées dans l’exposition « En attendant les bêtes sauvages » se décline dans des camaïeux de noirs, de violets et de bleus nuit, agrémentés çà et là de touches colorées tranchantes. Seul intrus au sein de ces gammes, le Selvans vert, campé sur un trône, a-t-il été invité à cette assemblée de sages ? Dieu de la forêt, il fait le lien entre deux mondes : celui des bêtes existantes et celui des trépassées. Immortel, il est une figure de transition et symbolise ce passage du vivant à l’après. 

Dans l’œuvre de Benoit Huot, les « bêtes sauvages » sont traitées de la même manière que certains êtres humains, il leur rend sensiblement les mêmes hommages. Et en effet, qu’est-ce qui distingue l’animal de l’homme ? D’aucuns répondraient à cette question de manière péremptoire en affirmant que c’est l’esprit qui différencie ces êtres vivants. Mais lorsque l’on observe l’œuvre de Benoit Huot, un doute nous assaille : ces animaux sont-ils vraiment les bêtes sauvages en question ? Ou est-ce qu’ils ne les attendent pas ? Dans ce cas qui sont-elles ? Par ailleurs souvent piétiné ou dénigré, le monde animal se drape ici de sagesse. Ces gnous, ces cerfs, ces sangliers ne sont-ils pas notre mémoire depuis des millénaires : leur être au monde ne nous permet-il pas, bien souvent, une prise de conscience d’un contexte écologique et social allant de mal en pis ? Que se raconte cette assemblée apaisée, si ce n’est que nos bêtes sauvages méritent les plus beaux hommages ? Des hommages pour les vivantes et les mortes.

Vernissage de l'exposition En attendant les bêtes sauvages : jeudi 9 décembre 2021, 17h00 - 21h00

Téléchargez le dossier de l’exposition : ici

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We are afraid to disturb them, to break their silence, to disturb a concertation, a ritual. Two wildebeests, a wild boar, a moorland deer and a hippotrague are enthroned in Gallery C like pagan idols. Strange and kitschy, these trophies are those of animals from the afterlife, of beasts that have crossed the Styx to reach, not the Underworld, but this place in between where, wisely, they exist forever. Even as a child, Benoit Huot cherished animals: they were everywhere in his family home and as soon as one of them died, the artist gave them a burial which he covered with ornaments, religious sculptures and flowers.

This ritualistic approach is still present in his artistic practice. Although he began as a painter and engraver, Benoît Huot has become a sculptor of the deceased: the animal - hunting trophies and taxidermied animals that he finds at flea markets or that are given to him - is at the heart of ceremonial gestures, patiently reiterated by the artist himself, who covers it with ornaments, woollen braids and symbols. Made using a mixed technique, all the pieces presented in the exhibition "Waiting for the wild beasts" come in shades of black, violet and midnight blue, enhanced here and there by sharp touches of colour. The only intruder in these ranges, the green Selvans, sitting on a throne, has been invited to this assembly of wise men? God of the forest, he is the link between two worlds: that of the existing beasts and that of the dead. Immortal, he is a figure of transition and symbolises the passage from the living to the afterlife. 

In Benoit Huot's work, the "wild beasts" are treated in the same way as certain human beings; he pays them much the same homage. And indeed, what distinguishes animals from humans? Some would answer this question peremptorily by saying that it is the mind that differentiates these living beings. However, when we look at Benoît Huot's work, a doubt assails us: are these animals really the wild beasts in question? Or do they not expect them? If so, who are they? Often trampled or denigrated, the animal world is draped in wisdom here. Are these wildebeests, these deer, these wild boars not our memory for thousands of years: does their being in the world not often allow us to become aware of an ecological and social context that is going from bad to worse? What does this peaceful assembly say to each other if not that our wild animals deserve the most beautiful tributes? Tributes for the living and the dead. 

Opening of the exhibition En attendant les bêtes sauvages : Thursday December 9th 2021, 5pm - 9pm

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